Description
Il existe 3 lézards de montagne endémiques de la chaine pyrénéenne. Ce sont eux qui font l’objet d’une attention particulière au sein de ce programme.
Lézard de Bonnal
On le rencontre au centre de la chaîne pyrénéenne dans les affleurements et les éboulis rocheux. Il est déjà présent à 1 560 m dans le cirque de Gavarnie, et jusqu’à 3 355 m au sommet du Mont Perdido (Espagne).
Il est actif très tôt dans l’année, dès que la neige a fondu. Ectotherme, sa physiologie et sa distribution dépendent de la température extérieure, car il ne régule pas lui-même sa température interne.
Découvrez ce lézard (et les autres espèces qu’il côtoie) en bande dessinée :
Effets possibles du changement climatique
La hausse des températures entraine des modifications des habitats naturels en haute montagne et la remontée des espèces compétitrices : le lézard des murailles et le lézard catalan. Le lézard de Bonnal est-il amené à disparaître, ainsi que les deux autres lézards endémiques des Pyrénéens ?
Par ailleurs, la hausse des températures de l’air modifie la physiologie et le comportement des lézards. Dans ces conditions, quelle est le risque d’extinction de l’espèce ?
Suivis scientifiques
Lézard de Bonnal
Cistude Nature met en place des suivis de la répartition et l’abondance du lézard de Bonnal et du lézard des murailles. Le protocole utilisé est un protocole national, nommé POPReptiles. Plusieurs transects feront l’objet de comptages tout au long du programme pendant la période d’activité de l’espèce.
Entre 2016 et 2021, l’Université de Pau & Pays de l’Adour a travaillé en parallèle à l’évaluation de l’optimum thermique du lézard de Bonnal pour son activité, à l’aide de modèles physiques : un tube PVC muni d’une sonde thermique imite le lézard et enregistre sa température interne en fonction de la température externe. Ces données (et celles de l’abondance) sont intégrées dans les logiciels statistiques prédictifs permettant d’évaluer le risque d’extinction des espèces.
Ce protocole est détaillé et expliqué dans la vidéo suivante.
Description de la vidéo
Parfois les expériences scientifiques se déroulent sur les plus hauts sommets. Franck d’Amico, enseignant chercheur à l’Université Pau Pays de l’Adour en mathématiques appliquée, accompagné de Floren, en thèse de biologie, s’engagent dans une longue ascension pour accéder au territoire du reptile est le plus montagnard de France : le lézard de Bonnal. Il est l’un des trois lézards endémiques de la chaîne pyrénéenne. Présent dans les éboulis rocheux à plus de 2000m d’altitude, ce reptile a su adapter son mode de vie aux conditions extrêmes de la montagne.
Nous sommes mi-juin, mais ici l’hiver semble à peine derrière nous. Le lézard de Bonnal sort d’hivernation. Mais comment pouvoir survivre dans un environnement si hostile ?
Intervention de Franck d’Amico : « On prend la température et le thermomètre indique moins 2,6°C [à l’image, prise de température au dessus d’un bloc de neige]. Un lézard qui circulerait ici en passant par l’herbe pour rejoindre ce caillou passerait de -2,6°C, en marchant dans la neige, à +8°C [au niveau de l’herbe] et + 18°C degrés [au niveau du caillou chauffé au soleil]. On peut s’imaginer différemment la vie d’un lézard de Bonnal dans ces conditions qui paraissent austères mais qui en fait correspondent un paysage extrêmement diversifié, un paysage thermique extrêmement diversifié. Et le lézard, en se déplaçant, même si l’air est à 8°C peut se trouver en contact avec un substrat pour avoir son ventre au chaud à 18°C sur un caillou. »
Si les pierres peuvent être de véritables plaques chauffantes, elles sont aussi de merveilleux isolants. Ainsi le reptile partage son temps entre l’extérieur et l’intérieur à la recherche de la température optimale. Et c’est bien ce qui intéresse nos chercheurs grâce à leurs avatars munis de deux sondes thermiques.
Franck d’Amico installe les avatars, des tubes PVS dans lesquels un capteur thermique est inséré. Il décrit ses manips en même temps : « L’installation est relativement simple. Un tube est enfoui [installation du tube sous des pierres]. On recouvre. Et puis, ce tube-ci va imiter un lézard qui serait en train de se chauffer au soleil [tube simplement posé sur le pierrier]. L’installation va enregistrer la température toutes les 15 min de deux lézards théoriques, en fait, de deux avatars de lézards soit, des tubes qui imitent ce que sont les lézards. Comme on enregistre en continu ces températures, on peut calculer ce que l’on appelle un temps de restriction [apparition à l’écran d’un graphique avec en abscisse, les heures de la journée et, en ordonnée, la température. Deux courbes représentent les températures enregistrées par les 2 sondes thermiques dans les tubes PVC (nommées Température insolation et Température refuge). Elles sont toutes les deux en forme de cloche, celle de la Température insolation est supérieure à celle du refuge]. Il correspond au nombre d’heures chaque jour pendant lesquelles le lézard est inactif, soit parce qu’il fait trop froid, soit parce qu’il fait trop chaud [visualisation du temps de restriction, soit la partie sous la courbe la plus basse. Entre la courbe de Température d’insolation et celle de Température refuge, est matérialisé le temps d’activité en vert]. Avec le changement climatique qui est à l’œuvre, la température va augmenter et le nombre d’heures de restriction aura augmenté [les courbes se décalent vers le haut pour rendre compte des températures plus élevées. On voit que le temps d’activité en vert se réduit] parce que le nombre d’heures supérieures à l’optimum thermique vont augmenter. Et en augmentant, ces températures vont contraindre le lézard à passer de plus en plus de temps dans son refuge. Puisqu’il consacre moins de temps à la recherche de nourriture, il acquiert moins d’énergie pour la reproduction. On sait que cela entraîne une baisse du taux de croissance, une baisse du taux de reproduction. Et, à terme, ces baisses ont un impact négatif sur les populations
de lézards, et entraîne leur extinction locale. »
Grâce aux centaines de milliers de données récoltées par ces avatars, les scientifiques pourront établir des modèles théoriques de survie de l’espèce en lien avec les différents scénarii du réchauffement climatique.