Description
La Vipère péliade est un reptile discret, présent des Pays-de-la-Loire aux Ardennes mais aussi dans le Massif central et le Jura. Elle affectionne les climats frais. Elle recherche tout particulièrement les milieux à caractère humide, les landes et le littoral qui lui offrent un mélange de zones ouvertes et de zones arbustives. Les lisières de broussailles ou encore les talus bocagers bien exposés au soleil lui sont aussi propices.
En Normandie
Son aire de répartition normande représente environ un quart de son aire d’occupation française. Par conséquent, la Normandie a une grande responsabilité quant à la préservation de l’espèce.
Autrefois bien présente dans la région, la Vipère péliade tend depuis le 20e siècle à disparaître. Au cours des 20 ou 30 dernières années, la régression des populations de Vipère péliade est estimée à près de 50 %. De fait, depuis 2015, elle est identifiée comme en danger sur la liste rouge régionale. Elle est aussi classée dans la catégorie vulnérable à l’échelle nationale.
En Nouvelle-Aquitaine
En Nouvelle-Aquitaine, elle est en limite sud-ouest de répartition : les seules populations de vipère péliade de la région sont dans la Creuse et en Corrèze. Elles font partie du noyau de présence auvergnat, déconnecté des populations du nord de la France.
On peut la rencontrer dans les landes humides et les tourbières du plateau des Millevaches.
Deux autres espèces de vipères sont présentes en Nouvelle-Aquitaine :
- la vipère aspic, espèce méridionale, présente dans le sud de la France, la Suisse, l’Italie, ainsi que le nord de l’Espagne.
- la vipère de Séoane, endémique des montagnes basques.
Effets possibles du changement climatique
Adaptée aux milieux frais, la vipère péliade trouvera-t-elle encore des conditions microclimatiques qui lui sont favorables dans les milieux qu’elle fréquente ? Ou son aire de répartition va-t-elle se restreindre ?
Zoom sur les projections en Normandie
La Vipère péliade est une espèce boréale aux contraintes hydriques fortes. Sur la frange sud-ouest de sa répartition, c’est une véritable relique glaciaire, possiblement présente en Normandie au moins depuis le dernier maximum glaciaire il y a 22 000 ans. Les périodes de sécheresses répétées et la hausse des températures affectent déjà probablement l’espèce, et les perspectives climatiques augurent une accentuation du phénomène… Les projections des experts normands présentent, à l’horizon 2100, une évolution assez marquée de la chaleur : le nombre de jours chauds (>25°C) pourrait passer de 16 j/an actuellement à 50 j/an, et le nombre de jours très chauds (>35°C) de 0,1 j/an à 3,7 j/an. En outre, la baisse des précipitations estivales pourrait être en moyenne de 16%. Le caractère hyperhumide actuel de la Manche et de Seine-Maritime devrait disparaître tandis qu’une tendance à la sécheresse est prévue sur une large frange sud-est de la région mais aussi en bordure du Massif armoricain.
Suivis scientifiques
En Nouvelle-Aquitaine
Le suivi de la vipère péliade a été mis en place par le GMHL. Sur 10 sites du plateau des Millevaches, le nombre de vipères péliades et de vipères aspics est recensé par observation visuelle le long de transects.
Découvrez ce protocole en bande dessinée :
En parallèle, des travaux de recherche, menés par le laboratoire CNRS du Centre d’Études Biologiques de Chizé ont permis de clarifier les adaptations physiologiques des vipères, en particulier la vipère péliade, ainsi que l’implication de ces adaptations face au changement climatique.
Le suivi de la vipère péliade a été arrêté en 2021 en Nouvelle-Aquitaine. Nous vous présenterons bientôt les résultats de ces suivis.
En Normandie
Pour suivre l’évolution de l’abondance de la vipère péliade en Normandie, 50 sites équipés de stations météorologiques ont été sélectionnés dans les cinq départements normands, selon un gradient allant d’ouest en est, du climat océanique franc au climat océanique altéré. Autrement dit, d’un secteur “frais et très humide” à un secteur plus “chaud et sec” en été. En outre, les suivis auront lieu de manière stratifiée dans les différents grands types de milieux : humides, secs, forestiers et littoraux.
L’avenir de la Vipère péliade sera-t-il le même selon les différents climats régionaux et selon les milieux naturels ? Quelles seront les possibilités de gestion de ces milieux pour essayer d’atténuer les effets du changement climatique ?
Le protocole retenu est le protocole national, POPReptile, piloté par la Société Herpétologique de France. Il s’agit de comptabiliser les reptiles le long de parcours (transects), trois fois au printemps (et trois fois supplémentaires en été dans certains sites). Le Lézard vivipare aux contraintes écologiques et biologiques proches sera également suivi.
Bibliographie
- Barrioz Mickaël & LEREST Maïwenn. (2022). Liste rouge des reptiles de Normandie. Évaluation des menaces selon la méthodologie de l’UICN. OBHeN/ URCPIE de Normandie. 12 pages
- Guillon Michaël, Martínez‐Freiría Fernando, Lucchini Nahla, Ursenbacher Sylvain, Surget‐Groba Yann, Kageyama Masa, Lagarde Frédéric, Cubizolle Herve & Lourdais Olivier. (2024). Inferring current and Last Glacial Maximum distributions are improved by physiology‐relevant climatic variables in cold‐adapted ectotherms. Journal of Biogeography. 10.1111/jbi.14828.