Une tendance à la baisse pour la marmotte des Alpes ?
Le suivi des familles de marmotte réalisé entre 2016 et 2022 avait pour objectif d’évaluer le succès de la reproduction chez cette espèce.
Petit rappel préalable sur les paramètres météorologiques et sociaux déterminants pour la réussite de la reproduction :
- Pendant l’hibernation, la couche de neige sert d’isolant au terrier. Plus elle est épaisse, moins les femelles dépensent d’énergie pour maintenir leur température corporelle, et plus elles peuvent l’allouer au développement des fœtus.
- Les mâles « helpers », hibernant avec les femelles, sont aussi importants pour maintenir une bonne température dans le terrier.
- Au printemps, à la sortie de l’hibernation, l’abondance et la qualité de la nourriture vont jouer sur la survie des marmottons.
- En été, une nourriture abondante et de qualité est nécessaire aux marmottes pour constituer leurs réserves en vue de l’hibernation.
Des différences dans le succès reproducteur selon l’altitude
Une tendance générale à la baisse
Même si la réussite de la reproduction varie chaque année, comme chez tous les rongeurs, on observe une tendance globale à la baisse de nombre de marmottons à la sortie d’hibernation.
Description du graphique
Ce graphe comprend les années en abscisses (de 2016 à 2022) et le nombre de marmottes observées, tous sites confondus (entre 0 et 60).
Pour chaque année, sont représentés le nombre de marmottons comptés (en bleu) et le nombre d’adultes (en orange). Des droites en pointillés (une bleu et une orange) représentent la tendance du nombre d’individus de chaque groupe au fil du temps. La droite bleu représentant les marmottons diminue, passant de environ 40 individus à un plus de 10 entre 2016 et 2022. La droite représentant les adultes est en très légère hausse, entre 45 et 50 individus.
Un succès reproducteur plus faible à haute altitude
Le nombre de naissances a chuté fortement à basse altitude (entre 1300 et 1900 m) dès 2017 puis est resté très bas. Au niveau des terriers à plus haute altitude (entre 1900 et 2300 m), la diminution du nombre de marmottons semble continue depuis 2020.
La proportion de familles dans lesquelles il n’y a pas de naissance une année donnée est plus importante à haute altitude. En 2022, la reproduction est avérée pour seulement 4 terriers sur 15, soit 14 % des familles suivies. A basse altitude, c’est aussi en 2022 que le pourcentage de famille sans marmottons a été le plus important. Ceci concerne 50 % des familles, soit une proportion bien moins importante qu’à haute altitude.
Description du graphique
En abscisse, se trouvent les années entre 2016 et 2022. L’ordonnée correspond au pourcentage de famille sans reproduction entre 0 et 100%.
Les familles de basse altitude sont représentées en gris foncé. En 2016, 2017 et 2019, il n’a pas de barre grise : le pourcentage de famille sans marmottons est de 0. Il est au dessus de 30% en 2018, au dessus de 15% en 2020, puis autour de 30% en 2021et à 50% en 2022.
Les famille à haute altitude sont représentée en gris clair. Il y a tous les ans des familles sans marmottons, entre 15% environ en 2017 et 2019, jusqu’à 86% en 2022.
Pour les deux groupes, des droites de tendances sont représentées (pointillés gris foncé pour les familles de basse altitude, pointillés gris clair pour les familles de haute altitude). Les deux droites sont à la hausse entre 2016 et 2022 avec un décalage d’environ 20% entre les deux.
Quelles causes potentielles à ces tendances ?
Il est difficile, avec le protocole établi, de connaître les causes du succès reproducteur et de savoir, notamment, si le changement climatique est un des facteurs de cette évolution.
Les variables climatiques testées (hauteur de neige en hiver et densité de la végétation en été) ne sont pas corrélées aux observations réalisées. De plus, la marmotte présente des capacités d’adaptation comportementale (augmentation du temps passé dans le terrier en période d’activité, déplacement vers des territoires plus favorables) et sociale (qualité de l’hibernation collective, engagement à la reproduction…) qui ne peuvent pas être suivies avec le protocole mis en place.
On notera deux phénomènes qui peuvent avoir un impact sur l’engraissement des marmottes et, en conséquence sur la quantité de réserves avec lesquelles elles débutent l’hibernation :
- Le temps passé dans le terrier pendant la période d’activité augmente d’année en année. Il semble corrélé à la température : plus il fait chaud, plus les marmottes passent de temps dans leurs terriers. Elles sont incapable de réguler leur température corporelle en transpirant, ce que les rend sensibles à la chaleur. En restant au terrier, elles limitent leur exposition à la chaleur, mais passent aussi moins de temps à se nourrir.
- Le dérangement par les touristes randonneurs augmente. Si les marmottes sont capables de s’accoutumer à la présence de touristes, il existe une distance de fuite. Si les randonneurs (ou leur chien) sont trop proches des terriers, le temps passé dans le terrier après le dérangement est d’autant plus important.
En conclusion
À part le changement climatique, de nombreux facteurs influencent la reproduction des marmottes : changement de dominance, âge du couple reproducteur…
Mais, en premier lieu, c’est le dérangement par les randonneurs, les chiens ou les animaux en pâture qui pourrait avoir un rôle négatif. Il est donc nécessaire de rester dans les chemins et de tenir son chien en laisse lors de ses randonnées en montagne…
Téléchargez les résultats Nouvelle-Aquitaine
Une première vague de résultats 2016-2021 des suivis réalisés en Nouvelle-Aquitaine a été produite. Deux versions résumées sont disponibles en cliquant sur les boutons ci-dessous.